Tunisie – UTICA – Dialogue national pour la relance de l’économie

«Pas d’économie forte sans démocratie»

«Arrêtons de charrier, de dissimuler, d’embellir une réalité économique qui s’assombrit de jour en jour, soutenons-nous les uns les autres pour sauver notre économie et préserver nos acquis». C’est en substance le message que Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a voulu transmettre élégamment aussi bien à Marzouki, président de la République, qu’à Mustapha Ben Jaâfar et Ali Laraayedh, respectivement président de l’ANC et chef du gouvernement, mais aussi aux présidents et secrétaires des partis politiques et représentants de la société civile, à l’occasion du Dialogue national pour la relance de l’économie, organisé samedi 11 mai au siège du patronat.

Nous avons failli aux promesses faites au peuple après le 14 janvier, à savoir créer de l’emploi et lutter contre la précarité et les déséquilibre régionaux, et avons noyé les maux profonds dont souffre notre pays dans des discussions stériles se rapportant aux idéologies et aux croyances, a-t-elle relevé en substance. Un discours ovationné par les représentants du secteur privé, enfin sortis de leur mutisme, pour crier sans fausse pudeur et sans réserve leur révolte de se voir réduits, comme nous l’avons mentionné à maintes reprises, à des voleurs, rapaces et autres suceurs de sang ou de sueur…

Il s’agit aujourd’hui de la sécurité socioéconomique du pays, a clamé la présidente du patronat, tous les signaux sont au rouge et illustrent un climat où il n’est pas aisé de faire des affaires. «Ce dialogue que nous lançons aujourd’hui est peut-être notre seule chance pour sauver notre économie et remettre nos priorités dans l’ordre. Nous devons le faire avant qu’il ne soit trop tard, car j’ai la nette impression que nous avons perdu la boussole!».

La présidente de l’UTICA a affirmé avoir fait le tour de toutes les régions du pays où elle a constaté le degré de paupérisation dans laquelle vivent des populations affolées et impuissantes.

Contrebande… Un fléau pour l’économie…

«Quel sens pouvons-nous donner à la démocratie lorsque le citoyen ordinaire n’arrive même pas à satisfaire ses besoins les plus élémentaires? Nous ne pouvons prétendre à une démocratie lorsque notre économie n’est pas forte».

Wided Bouchamaoui n’a pas manqué de rappeler le tort porté par la contrebande à l’économie du pays. «La contrebande est devenue un grand fléau qui est en train d’emporter le tissu productif national vers l’inconnu et menace les équilibres sécuritaires et socioéconomiques du pays. Un fléau nourri par le trafic de drogue, de monnaie et d’armes. Et parlant d’armes, les événements perpétrés ces dernières semaines à Jebel Chaambi en expriment toute la portée».

Quant à l’économie parallèle, il va falloir plancher sérieusement sur un plan d’intégration de ses acteurs dans les circuits formels afin de permettre à l’Etat de profiter de ses revenus et surtout préserver les entreprises qui font faillite et les centaines d’emplois de perdus, estime la présidente du patronat.

La remise en marche de l’économie nationale est devenue une question de vie ou de mort dans un pays comme la Tunisie, et elle exige la participation de tous les acteurs dans notre pays, qu’il s’agisse d’acteurs publics, privés ou de représentants de la société civile. A ce titre, le patronat condamne aussi bien les grèves anarchiques que les sit-in, barrages de routes et mouvements qui empêchent à ceux qui veulent travailler l’accès à leurs postes d’emplois.

«Ceci n’est ni dans l’intérêt du pays ni dans l’intérêt des travailleurs et bien entendu, les répercussions en sont les départs de plus en plus nombreux des entreprises étrangères vers d’autres destinations. Ce sont des pratiques que nous ne pouvons approuver ce qui nous amène à l’importance de la constitutionnalisation de la liberté de travailler. Je tiens aussi à réaffirmer en tant que patronat notre respect du droit à la grève considéré comme fondamental et ratifié par les conventions internationales des droits de l’homme. Et soi-disant en passant la liberté de travailler et le droit à la grève ne sont pas en contradiction l’un avec l’autre».

La présidente de l’UTICA a conclu son discours par un plaidoyer émouvant quant au devoir et à l’obligation du gouvernement et des partenaires sociaux de s’engager dans une même guerre, celle de la lutte contre la pauvreté et la précarité: «Avant de nous lancer dans des luttes intestines sur le partage des richesses, commençons tout d’abord par les créer. Faisons en sorte de mettre en place les mécanismes socioéconomiques adéquats pour préserver la paix sociale, instaurer la culture du travail et de l’effort en tant que valeurs intrinsèques de notre société et garantes de la paix sociale, et améliorons notre productivité pour renforcer notre compétitivité».

Le volet sécuritaire n’a pour autant pas été négligé, car aucune stabilité économique ne peut se faire sans la garantie de la sécurité des biens et des personnes et sans une visibilité politique et une feuille de route claire pour les prochains mois.

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