Tunisie : la finance islamique sort de l’ombre !

« Trois ans après sa création, la Banque Zitouna, a mieux fait qu’exister. La première banque islamique en Tunisie a tenu ses promesses et respecté son business plan, malgré les difficultés rencontrées », a affirmé Ezzedine Khouja, PDG de Banque Zitouna, mardi 11 juin 2013, à l’ouverture de la première édition des «Journées de la Banque Zitouna de la finance islamique ». Cette première édition de ces journées, qui se poursuivra jusqu’au 15 juin 2013 au siège social de la Banque Zitouna, dans les berges du Lac de Tunis, coïncide avec la célébration du troisième anniversaire de la création de la banque.
M. Khouja a indiqué que la banque prévoit l’ouverture de 13 agences annuellement. D’ici 2017, le nombre des agences pourra atteindre 100 agences contre 35 actuellement.
Banque Zitouna a réussi à augmenter son capital social de 70 millions de dinars à 100 millions de dinars. 25% de ce capital est détenu par la Banque islamique de développement. Banque Zitouna prévoit, également, d’augmenter ses salariés : « La banque emploie actuellement 416 employés. Nous visons à doubler ce chiffre d’ici 2017 ».
Chadly Abed, secrétaire d’Etat auprès du ministère des Finances, a indiqué qu’il est indispensable aujourd’hui de développer la législation et les institutions financières : « L’objectif de cette mesure est de préparer l’accès de la Tunisie à la finance islamique. Aujourd’hui, la finance islamique commence à s’imposer comme un levier de croissance. Nous voulons copier le modèle asiatique qui a connu un grand succès. On ajoute à cela qu’un bon nombre des pays occidentaux ont développé ce créneau pour attirer les investisseurs arabes. Des études internationales ont approuvé que les produits conformes à la Charia peuvent atteindre 30 trillions de dinars à travers le monde d’ici 2030. Donc les raisons pour développer ce créneau ne manquent pas ! ».
De son coté, le ministre des Affaires religieuses, Noureddine Khademi a relevé que le secteur de la finance islamique connaît dans son application certaines défaillances, sur sa conformité à la charia.
Le cheikh Mohamed Mokhtar Sellami, ancien Mufti et actuel président du comité de surveillance charaique à la banque Zitouna, a souligné la primauté de l’être humain sur l’argent dans la finance islamique, à la différence des autres modes de financement. Cheikh Sellami a relevé un autre point : le taux d’intérêt ou le Ribaa : « Les trois religions prohibent le Ribaa. La finance islamique refuse catégoriquement l’intérêt ».

Pour sa part, l’économiste Moncef Cheikhrouhou a appelé la Banque centrale de Tunisie, BCT, à contrôler les Sukuks islamiques (bons du trésor). M. Cheikhrouhou considère que les mécanismes de la finance islamique sont réellement liés à l’économie à contrario des modes de financement traditionnel : « Pour développer une économie solide, il faut faire lien entre la création de la richesse et l’économie réelle. Cela sera le premier pas vers l’un des objectifs de la Révolution : le chômage. Le développement de l’économie aidera à la création de nouveaux emplois, au renforcement de l’investissement… ».
Notons que ces journées seront marquées par le lancement du Prix Tahar Ben Achour de la Finance islamique. Par ailleurs, un hommage sera rendu aux savants de la finance islamique dans les pays du Maghreb.

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