Le taux de chômage sera ramené à 14%, fin 2013, selon le ministre de l’Emploi

Naoufel Jammali, ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, affirme que la stratégie nationale pour l’emploi n’est pas un objectif, mais un outil qui permettra de trouver des solutions au problème du chômage. Pour lui, un dialogue participatif entre les différents intervenants est important pour relever ce défi. Interview.

Où en est la stratégie nationale pour l’emploi ?

Avant d’être nommé ministre de l’Emploi, j’étais parmi les groupes ayant beaucoup travaillé sur la stratégie nationale pour l’emploi. Je saisis cette occasion pour rappeler que l’élaboration de ladite stratégie au eu lieu dans un climat un peu tendu surtout au niveau de nos relations avec la centrale ouvrière.

Aussi, l’élaboration de cette stratégie a coïncidé avec le contrat social. Cette coïncidence a engendré des interactions en la matière.

En termes de forme, le document relatif à la stratégie est volumineux, comprenant 200 pages. On a constaté qu’il est important de travailler sur un document réduit et précis pour qu’il touche plusieurs intervenants.

Notre intérêt, aujourd’hui, est de nous pencher sur la rédaction qui exige une vérification. Dans ce contexte, des concertations ont eu lieu avec les représentants de l’UGTT. Un accord a été conclu selon lequel la stratégie sera l’une des composantes du contrat social. Avec cette démarche, je pense qu’elle aura plus de chances d’être activée puisqu’elle va être adoptée par le gouvernement et les partenaires sociaux.

En quoi cette démarche est participative ?

On a vu qu’il n y a pas de problème pour qu’elle soit réexaminée, et ce en présence de l’ensemble des intervenants et acteurs sociaux. C’est le point de départ pour entamer un dialogue participatif autour de cette question.

Avec ce dialogue, je reste quand même optimiste pour le rôle de cette stratégie en facilitant les tâches même s’il va y avoir des modifications au niveau du contenu.

Vos travaux actuellement ?

A notre niveau, on a pensé qu’il est temps de commencer par les choses qui n’ont pas besoin d’une telle concertation. On a commencé par la restructuration du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle.

Même si elle n’est pas en relation directe avec les intérêts de nos demandeurs d’emplois dans ce contexte actuel, je pense qu’il s’agit d’une étape stratégique à cause de la structuration du ministère qui était la victime des confrontations et des nominations qui ont eu lieu sous l’ancien régime. A mon avis, la structuration administrative du ministère ne répond pas aux enjeux de cette étape et aux projets qui sont en cours de réalisation. Pis, cette structure mise en place n’était pas conçue pour atteindre les objectifs fixés. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de se pencher sur la question de la restructuration.

Pour les autres points stratégiques, je dis qu’on ne peut pas avancer de manière omnidirectionnelle. Aujourd’hui, les stratégies devraient être examinées de façon participative.

Je pense que la stratégie nationale pour l’emploi n’est pas un objectif, mais un outil qui devrait être accepté par les différents intervenants. C’est pourquoi, je préfère avoir du temps pour qu’on puisse l’exécuter convenablement.

Avez-vous fixé une date précise pour entamer les négociations avec les partenaires sociaux ?

Réellement, on était d’accord sur le principe, mais il y a des modalités pour que les comités concernés se réunissent. A ce jour, on n’a pas reçu une correspondance officielle pour la tenue de la première séance. Cependant, je peux affirmer qu’il y a une forte volonté de la part du gouvernement et des partenaires sociaux pour l’exécution de ce projet, avec l’intérêt commun de créer un conseil national pour le dialogue national.

Y a-t-il d’autres projets ?

Parallèlement à cette stratégie, on est en train de travailler sur un plan d’action afin de réformer la formation professionnelle dont les travaux seront achevés, fin juin prochain. Les résultats seront annoncés, lors d’un point de presse.

Ce travail s’est concentré uniquement sur les partenaires sociaux, les experts et les partenaires internationaux vu le caractère technique de la formation professionnelle. L’objectif est d’élaborer une feuille de route guidant la restructuration du système de la formation professionnelle et ce en collaboration avec les autres ministères (ministère de l’Enseignement supérieur, ministère de l’Education etc.). Aussi, des décisions seront prises et seront exécutées à partir de cette année.

Notre enjeu est de promouvoir l’image de la formation professionnelle pour qu’elle soit une option du succès pour les jeunes tunisiens. Notre avenir, aujourd’hui, n’est pas lié à l’enseignement supérieur, mais à la formation professionnelle. L’intégration dans un modèle classique n’est pas une solution pour absorber le problème du chômage. D’après des études scientifiques, l’intégration dans le système de la formation professionnelle est une condition sine qua non pour trouver des emplois.

Concernant les décisions qui seront prises, peut-on avoir une première idée ?

Pour l’instant, on ne peut pas communiquer, parce que le document fait encore l’objet des modifications au fur et à mesure. Comme je l’ai mentionné, la validation définitive aura lieu, en juin prochain.

Parlons des dernières statistiques publiées par l’INS concernant le recul au niveau du chômage. Une grande polémique est suscitée concernant les statistiques dudit institut. Pouvez-vous nous donner des éclaircissements ?

Aujourd’hui, je pense qu’il y a un problème de crédibilité au niveau des chiffres et les taux de chômages sont peut-être plus élevés, contrairement aux statistiques publiés par l’INS. Plusieurs médias ont déclaré aussi qu’un million de chômeurs existent en Tunisie. Pour ma part, je peux dire qu’il y a seulement 200 mille chromeurs.

Aujourd’hui, on a une seule vérité et l’unique source reste l’INS. C’est l’unique organisme habilité à fournir des informations.

Ceux qui donnent d’autres versions, nous les appelons à citer leurs sources pour pouvoir mettre les points sur les i et mettre fin à toute polémique.

C’est vrai qu’on a une crise des chiffres, et c’est justifiable en l’absence d’un système d’information fiable. A cela s’ajoute la méthode de recensement pratiquée par l’INS, qui était la victime des pressions pratiquées pendant le régime de Ben Ali.

Au lieu de discuter la crédibilité des chiffres, il aurait été souhaitable d’ouvrir un débat afin de trouver les mécanismes adéquats pour avoir des chiffres crédibles. D’ailleurs, parmi les recommandations suggérées dans la stratégie nationale pour l’emploi, il y a la création d’un comité national des statistiques, qui devrait être constitutionnel.

Et pour la régression du taux de chômage de 0,2%. Ce taux est-il réalisable ?

C’est un chiffre en conformité avec les données économiques pour le premier trimestre de l’année en cours, qui restent préoccupantes, surtout avec la chute du taux d’investissement étranger et la perturbation de l’activité économique. Chose qui a des répercussions sur le taux de chômage en comparaison avec le dernier trimestre de 2012.

C’est normal que le chômage connaisse une régression, et ce pour de multiples raisons. Les tunisiens devraient comprendre que l’économie tunisienne, contrairement à d’autres économies, est une économie facile qui a la capacité de se récupérer.

Le recul du chômage est un indice encourageant qui nous pousse à conjuguer les efforts. Cependant, le problème de l’emploi n’est pas uniquement la mission du ministère de l’Emploi mais il est tributaire aussi de la stabilité, de la vision politique et de la relance de l’investissement.

Vos estimations concernant le taux de chômage ?

Avec les efforts déployés, on estime réaliser une régression du taux de chômage pour qu’il passe de 16,5% actuellement à 14% d’ici la fin d’année.

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